Conseils pour passer rapidement de l’interview en face à face à l’interview téléphonique à domicile

Conseils pour passer rapidement de l’interview en face à face à l’interview téléphonique à domicile

Jun 30, 2020
Sarah Hughes and Kristen Velyvis
A telephone interviewer in Senegal finds a quiet outdoor space for surveying.

A telephone interviewer in Senegal finds a quiet outdoor space for surveying.

Photo By: Kristen Velyvis

Editor’s Note: This post originally appeared on the blog in April and has been translated into French in response to requests.

Afin de limiter la menace que présente la propagation du COVID-19, les collectes de données en-personne ont été interrompues aux Etats-Unis et autour du monde. Que pouvons-nous faire à présent ? Face à ce défi, nos chercheurs travaillent corps et âme pour réaliser les collectes les données qui guideront les politiques à adopter pendant et après la crise. Suite à sa récente enquête téléphonique internationale, Mathematica met ici à disposition quelques conseils pour la transition d’un système interviews individuels assistés par ordinateur (computer-assisted personal interview: CAPI) à un système d’interviews téléphoniques assistés par ordinateur (computer-assisted telephone interview : CATI) depuis chez soi, destinés a être mis-en-place dans des environnements pauvres en ressources. Nos chercheurs ici aux Etats-Unis peuvent eux-aussi trouver des astuces utiles!

  1. La sécurité avant tout. Mettre en relation les enquêteurs et les superviseurs par téléphone plutôt qu’en personne – ne pas se réunir dans des bureaux. Encourager tout le personnel à suivre les directives sur l’hygiène et la distanciation sociale émises par l’Organisation Mondiale de la Santé.
  2. La transition à la collecte de données à distance nécessite un équipement différent et quelques changements de processus. Au minimum:
    • Les enquêteurs et superviseurs doivent avoir des téléphones portables qui fonctionnent bien, des cartes SIM dédiées à cette activité, des casques avec microphone qui puissent servir pour la collecte de données ainsi que pour la formation à distance et le coaching continu.
    • Pour envoyer les questionnaires, les enquêteurs doivent avoir accès a une connexion internet fiable à travers un Modem 4G ou 3G ou un forfait avec partage de connexion.
    • Encourager les enquêteurs à trouver un lieu calme et confortable chez eux pour travailler, et une façon sûre de recharger leurs téléphones et tablettes.
    • Pour garder un registre de l’échantillon, créer un formulaire sur Google Docs ou un petit questionnaire auto-administré que les enquêteurs doivent compléter et télécharger chaque jour.
  3. Ne pas utiliser exactement le même questionnaire pour la collecte de données à distance.
    • Rédiger une accroche concise pour que les enquêteurs puissent se présenter avec clarté, indiquer le but de l’appel, et expliquer pourquoi le répondant devrait y participer.
    • Créer un processus de consentement oral (qui inclue de l’information sur l’étude) pour aider les répondants à se décider.
    • Passer en revue les questions et ôter toutes questions non-essentielles ou dont les réponses ne peuvent être collectées au téléphone (telles que la localisation GPS, les observations de l’enquêteur vis-à-vis de la maison ou du quartier, etc.)
    • Puisque les répondants n’auront pas d’indices visuels pour s’orienter, ajouter des scriptes de transition entre les modules.
    • Limiter à une durée de 20 minutes les interviews téléphoniques. A l’idéal, viser une durée de 10 minutes.
    • Comme toujours, remercier son interlocuteur à la fin du questionnaire, mais prévenir qu’un superviseur pourrait les rappeler pour que l’enquête ait pris place.
    • Créer des codes à attribuer aux numéros non servis, aux fautes de réponse, aux lignes occupées, aux rendez-vous pris, aux pertes de connexion, etc. Utiliser son logiciel CAPI pour noter les rendez-vous et les nouveaux coordonnés.
    • Soumettre tous changements de protocole et questionnaire à son comité éthique ou le institutional review board (IRB) et solliciter une revue rapide.
  4. Les enquêteurs doivent être formés à nouveau en mettant l’accent sur une meilleure coopération grâce à une introduction (« accroche ») rapide ; les superviseurs doivent, eux, prioriser les commentaires prompts.
    • Répéter la nouvelle accroche concise ainsi que les réponses aux questions des répondants réticents. A l’idéal, embaucher des enquêteurs qui ont de l’expérience en collecte de donnée en personne pour le passage aux questionnaires téléphoniques. Cependant, les enquêteurs doivent être capables de maîtriser l’accroche avant de contacter les membres de l’échantillon.
    • Créer des scripts pour que les enquêteurs puissent répondre aux questions fréquentes qu’auraient les répondants réticents.
    • Passer en revue les manuels de formation, les mettre à disposition par le biais du digital et organiser des sessions Zoom ou Skype pour re-entrainer. Formez les enquêteurs en faisant de faux interviews et de nombreux jeux de rôle.
    • Créer des scriptes pouvant être utilisés pour répondre à certaines situations pouvant se produire. Par exemple, pour lorsque l’enquêteur laisse un message vocal, lorsqu’un autre membre de la famille décroche le téléphone, lorsque qu’on demande de prouver la légitimité de l’enquête, ou lorsque confronté à des répondeurs réticents. Il faut beaucoup s’entraîner !
    • Tester la capacité des enquêteurs à choisir les bonnes réponses et à communiquer avec clarté dans chaque langue qu’ils utiliseront pour l’enquête.
    • Créer des interviews ‘test,’ demander aux enquêteurs de télécharger les questionnaires ‘test’ et chercher des anomalies. Faire un deuxième cycle de formation et de tests, si nécessaire.
    • Si possible, faire des retours individuels chaque jour.
    • Créer des groupes menés par des superviseurs sur WhatsApp pour l’apprentissage en équipe et la formation de groupe.
  5. Tester et re-tester!
    • Veiller à ce que toute la technologie fonctionne.
    • Tester chaque partie du questionnaire, de l’accroche et consentement jusqu’aux modules du questionnaire, la clôture, l’utilisation du registre, et la synchronisation des questionnaires.
    • Tester le questionnaire. Utiliser un échantillon de personnes similaires à celles qui seront dans l’échantillon réel pour s’assurer que l’équipe sache utiliser la technologie correctement et aisément. Tester la formulation des questions, les protocoles de gestion de cas, la capacité des enquêteurs à mener l’étude, et la capacité qu’ont les superviseurs à surveiller et à évaluer le succès des essais.
    • Oter ou réajuster les questions qui ne fonctionnent pas, adapter les scripts et les protocoles et réessayer.
  6. Suivre attentivement.
    • Créer un questionnaire de contrôle pour les superviseurs et une méthode pour sélectionner des cas à rappeler pour vérifier que l’enquête ait pris place avec le bon répondant. Contrôler au moins 20% des cas par enquêteur. Comparer les données entre l’enquête originale et l’enquête de contrôle et choisir une méthode pour régler les divergences.
    • Chaque jour, vérifier les variables clefs et chercher des tendances attendues ou inattendues. Vérifier les durées, qui peuvent se raccourcir graduellement, et vérifier les variables filtres très fréquemment en chercher les tendances à sélectionner « non » avant de longs modules. Prévoir des contrôles supplémentaires quand surviennent de tendances suspectes.
    • Demander à son opérateur de réseau mobile s’il existe des options pour qu’une tiers personne écoute les interviews ou s’il est possible de les enregistrer. Vérifier que le script de consentement comprenne cette option et l’IRB ait approuvé. Si l’intention est d’enregistrer les interviews, créer un mécanisme d’enregistrement, téléchargement, traitement, et analyse des fichiers audios. Sachant que les fichiers audios sont de taille conséquente ; leur transmission et révision peut prendre un long moment.
  7. Se concentrer sur le maintien de taux de réponse élevés
    • Prévoir plusieurs sessions pour compléter le questionnaire.
    • Pour des incitations telles que du forfait téléphonique, décider en amont ceux qui vont en recevoir, tels qu’uniquement les répondants réticents ou les répondants qui sont considérés comme étant très importants. Demander aux superviseurs ou à un gestionnaire de collecte de données de se charger d’octroyer ces forfaits. Garder un registre détaillé des destinataires du forfait, du montant reçu, et des résultats observés. Il est possible de tenter de différentes formes d’incitations – tels que faire varier l’ampleur des incitations or bien en attribuant les incitations aux échantillons de manière aléatoire.
    • Ne pas hésiter non plus à appeler plusieurs fois chaque numéro valide si nécessaire. Il se peut que quelqu’un ne décroche qu’après 5 ou 10 appels (ou même plus!)
    • Envisager l’envoi d’un SMS ou message WhatsApp aux répondants avant l’interview. Inclure le numéro de téléphone d’un superviseur pour prendre rendez-vous ou compléter l’enquête sur place. Envisager également des protocoles d’envoi d’un message au préalable, telle qu’une sélection aléatoire des membres de l’échantillon qui reçoivent un rappel via SMS ou WhatsApp.
    • Selon la taille de l’échantillon, envoyer des annonces sur l’enquête par radio locale et/ou des messages à des groupes WhatsApp du secteur ou de la région. Fournir un numéro, une page Facebook, ou un site internet pour que les répondants puissent vérifier la légitimité de l’étude, en incluant un lien à la lettre d’autorisation officielle.

Avec de la préparation en amont, les chercheurs peuvent continuer à collecter les données qui nous sont essentielles pendant cette période compliquée et les enquêteurs peuvent utiliser des questionnaires téléphoniques chez eux, en toute sécurité. Mathematica s’est déjà penché sur la question, ayant effectué des enquêtes téléphoniques dans plusieurs pays Africains avec des échantillons d’agriculteurs; des diplômés d’éducation vocationnelle; des ménages; et de petites, moyennes et grandes entreprises. Ces questionnaires ont varié de 10 minutes à une heure. Parmi les exemples qui ont eu du succès, nous comptons la Namibie, où nous avons utilisé «airtime » comme incitation et avons obtenu un taux de réponse de 73% chez les jeunes un an après avoir été diplômés d’un programme d’éducation vocationnelle. Au Sénégal, pour collecter des données auprès d’agriculteurs ruraux, nous avons utilisé des téléphones avec casques et microphones et des tablettes et avons pu atteindre un taux de réponse de 80% sur l’échantillon de 3 500 cas. Afin de protéger nos superviseurs et nos enquêteurs, au Bénin, nous avons mis en place un plan d’utilisation d’un système CATI au cas où notre équipe doit quitter le centre d’appel.

Nous sommes, plus que jamais, engagés à protéger nos équipes de chercheurs, tout en collectant les données essentielles qui nous indiqueront les meilleures politiques à suivre pour amoindrir la pauvreté. Ils existent d’autres ressources à ce sujet, tel que le Cross-Cultural Survey Guidelines on l’on peut trouver des listes et des références qui touchent à tous les aspects de la collecte de données. Enfin, J-PAL et Innovations for Poverty Action ont créé une checklist pour rendre plus facile la transition d’interviews en personne à des interviews par téléphone.

About the Authors